La neige est bien horrible !

Patte Enflammée descendit en piqué vers le sol. Il plana un petit instant au dessus du produit blanc étincelant, puis posa une patte prudente dessus, l'autre ramenée vers son corps. Aussitôt, il eut une espèce de grimace, et remonta en l'air. Étant un oiseau du feu, il détestait cette chose sans couleur, glaciale...
Il se remit à voler au-dessus de la rue enneigé, examinant avec méfiance les choses par terre. Et en plus, ça faisait mal aux yeux... Il ne se montrait pas très prudent, mais c'était normal : les Bipèdes avaient désertés leur nid, et les seuls qui étaient encore habités avaient encore les volets fermés, avec les rideaux derrière. D'ailleurs, c'était assez tôt le matin.
Patte Enflammée regarda le sol, ses ailes rougeoyante s'immobilisant pour le laisse planer. Il descendit un peu, puis, à un centimètre de distance, se remit à battre doucement des ailes pour ne pas remonter ou descendre, en faisant du surplace, quoi. Puis, il reposa une patte dessus, vivement, et al retira aussitôt, s'étant préparé au détestable contact.
Soudain, une idée mûrit dans sa tête : et s'il essayait d'établir des records ? Aussitôt, il redescendit un peu, prit une grande respiration, puis posa sa patte orangé sur la chose blanche. Puis, doucement, il posa l'autre patte, et resta ainsi, immobile, comptant dans sa tête les secondes. Il lui fallu toute la maîtrise dont il était possible pour ne pas s'envoler en hurlant d'horreur. Il avait l'air irréel, oiseau rouge-orangé sur la blancheur de la neige qui ne laissait dépasser aucune autre couleur. On aurait pu faire un magnifique tableau...
Puis, à dix-huit, il n'y tint plus. Ses ailes s'écartèrent de son corps et, très vite, il s'envola. Il maugréa : encore heureux que ce produit ne tombe du ciel, comme cela s'était produit l'autre fois. Car alors, il était impossible de l'éviter, sauf en allant se mettre à l'abri sous quelque chose et de n'en plus bouger.
Il se remit alors à voler de droite à gauche, de haut en bas, mais sans quitter des yeux le produit, en dessous de lui, de crainte qu'il ne se soulève pour l'en en recouvrir. Cela faisait maintenant très longtemps qu'il était là, et même sans le désagréable contact de la neige, il commençait à avoir un peu froid, malgré ses plumes presque aussi chaudes que le feu. Son bec claqua sèchement. Il commençait aussi à avoir faim. Mais même dans ses rêves les plus fous, jamais il ne trouverait le moindre petit mulot ici ! Il eut un petit soupir. Il devait bien rentrer au Camp : mais malgré tout, il se sentait bien ci, malgré la neige : car il était seul, et il pouvait s'amuser. Mais sitôt qu'il eut pensé qu'il allait rentrer au Camp, cette idée lui parut insoutenable ; il redescendit donc vers la neige pour essayer de battre dix-huit.
Au bout de un peu plus d'une demi-heure, il se renvola, triomphant : il avait atteint vingt-trois. Quand il dirait ça aux autres ! Mais il re-soupira : il n'était plus un apprenti. Il fallait essayer de s'appliquer à des jeux enfantins. Malgré tout, ils étaient toujours aussi amusants, et malgré l'idée qu'il était maintenant un guérisseur respectable, pas un apprenti inconscient, il ne pouvait se décider à les abandonner.
Il fit trois ou quatre tour en volant à toute vitesse pour se réchauffer, puis s'apprêta à redescendre encore une fois pour essayer de faire plus que vingt-trois, ce qui était quasi-impossible pour un phénix. Mais alors qu'il était à un mètre du sol en redescendant en piqué, prêt à ralentir pour se poser doucement, il entendit un bruit derrière lui.

Du blanc. Rien que du blanc. Ou presque ...
Une bise polaire soufflait dans ce monde enneigé, glaçant l'atmosphère, la rendant sèche et pas franchement accueillante. La ville des Bipèdes appelée "Ville de l'orage" semblait être en hibernation. Pas un seul Bipède en vue, pas même un Monstre de fer qui traverse la ville dans rugissant. Non, tout était immobile, les bruits éttoufés par la neige. Il devait faire bien trop froid pour les Bipèdes si sensibles ...
°Brrr ... C'est qu'il fait frisquet tout de même !° pensait-elle.
Lumière d'espoir progressait doucement à travers la ville, grelotant de froid et clanquant des crocs. Ses trois queues étaient entourées autour de son arrière-train pour essayer de le réchauffer mais cela ne changeait pas grand chose. Dans ce monde blanc, Espoir n'était plus qu'une forme presque invisible, quasi-impossible à repérer si on ne la fixe pas avec une attention extreme.
Pourquoi était-elle donc là, au milieu de cette ville puante et sans grand interêt ? Ca, même Lumière d'Espoir se le demandait. Elle avait tout simplement eu envie de sortir. Pourquoi être venu ici à la place d'une plaine pure à l'air vivifiant ? Aucune idée non plus. mais bon, maintenant, elle était là et elle ne comptait pas faire marche arrière. Sa maladie était persistante et elle savait parfaitement que Feuille de Cuivre n'aurait pas été d'accord avec cette excursion mais Lumière d'espoir avait vraiment besoin de sortir de l'air confiné de sa tanière. A vrai dire, elle était sortit le plus discrètement possible ... Enfin bon. Après tout, elle se sentait bien mieux qu'avant !
Tout à coup, la kitsune blanche vit une tache de feu, parfaitement visible sur la poudreuse. Sur ses gardes, Espoir utilisa son pouvoir et se fondit dans la nature. Maintenant totalement impossible à repérer, elle s'approcha doucement de la tache. Malheureusement, trop concentrée à donner ses faibles forces pour utiliser son pouvoir, elle ne fit pas attention et marcha sur une brindille qui craqua bruyamment dans ce monce silencieux. Espoir s'immobilisa.

[Une brindille dans la neige ??? xD]

Patte Enflammée était trop prêt du sol pour se renvoler sans le toucher. Il atterrit donc dessus ; mais distrait par le bruit, non seulement il toucha la neige de plein fouet, mais ne s'y attendit pas.
Ses ailes se soulevèrent aussitôt de son corps et en deux secondes, un peu moins, il était dans l'air, ses pattes comme engourdies. Puis la sensation se dissipa un peu et, furieux, il se retourna pour voir qui ou quoi l'avait troublé, prêt à le réduire ne charpie.
Mais à la grande surprise de l'oiseau de feu qui était prêt à foncer d'un coup, il n'y avait rien. Non, rien... Que cette étendue blanche déserte qu'il détestait tant et, en même temps, aimait.
Alors il se dit que ce n'était qu'un bruit de son imagination. Le vent dans les trucs rouges sur les nids durs de Bipèdes, sans doute. Ou alors, la poudreuse tombant par terre, du haut de ses même nids...
Mais, malgré ses idées qui le détromper, il resta méfiant, plissant ses yeux de braise en regardant la poudreuse attentivement. Il connaissait bien son monde... Et surtout, il connaissait bien l'étrange pouvoir des Kitsunes.
Il se releva vite : il se s'était pas trompé. Étrangement satisfait, il détailla encore et encore les queues qui se détachait dans la neige, suivit de tout un corps.

[Baah ! Elle dépassait de la couche de neige, tiens xP]

Le tâche de feu s'avérait être un phénix au beau plumage de flammes. Au début, il parut intrigué maisne sembla pas remarqué la présence fondue dans la neige. Mais Lumière d'Espoir sentait ses forces affaiblies par sa récente maladie décliner, et son pouvoir perdit un peu de son ampleur. Le phénix, l'oeil vif, repéra la kitsune tapie dans la neige. Cette dernière comprit qu'il ne servait à rien de continuer à user ses forces dans son pouvoir et elle apparut aux yeux de tous. Elle identifia rapidement l'odeur du Clan de la Plume et examina l'expression du visage du phénix. Ni accueillante ni froide, elle était plutôt neutre. Espoir eût les pattes tremblantes mais se redressa, digne et fière. Ses yeux orangés étincelèrent comme de billes sur un fond blanc immaculé. Elle inclina respectueusement la tête et dit poliment :
"Bonjour, Phénix du Clan de la Plume. Je suis Lumière d'Espoir, meneuse du Clan de la Lune. Et toi, qui es-tu ?"

Patte Enflammée vit apparaître avec satisfaction la kitsune, à sept mètres de lui. Mais même sans son pouvoir, elle demeurait presque invisible avec son pelage blanc sur la poudreuse. Il l'écouta, et sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine : une meneuse ! Il parlait à une chef de Clan ! Il se rapprocha d'elle, et marmonna :

- Bonjour, Lumière d'Espoir, meneuse du Clan de la Lune. Je suis Patte Enflammée, ...
Il s'arrêta. La meneuse avait l'air gentille, certes, mais elle était peut-être prête à tuer le guérisseur d'un Clan ennemi. Il était encore jeune, et pouvait se faire passer pour apprenti. Aussi mentit-il avec un peu de honte, dut-il avouer :
- ... ou plutôt, Poussière Enflammée. Je n'ai pas de mentor et je ne sait si je dois choisir la guerre, ou la guérison.
Il essaya de lui faire un sourire qui ressemblait à une grimace.

La kitsune immaculée examina son interlocuteur avec interêt. Un apprenti ... Mais sous son plummage de feu, elle distingait des muscles dignes d'un guerrier. Cet apprenti avait une carrure plutôt imposante pou son jeune âge ! Mais Espoir chassa cette pensée douteuse de son esprit. Elle s'ébroua et des centaines de petites paillettes blanches virvoltèrent autour d'elle. Elle se rassit doucement puis voulut satisfaire son habituelle curiosité grandissante pour une nouvelle connaissance :
"Heureuse de te connaitre, Poussière Enflammée. Que fais-tu ici, si loin de ton Clan ? Si tu n'as pas commencé ton entrainement, tu pourrais facilement te faire faire attaquer ! Ce n'est pas très prudent, jeune phénix ..."
La meneuse de la Lune se demanda s'il avait fugué du camp. Lumière Dorée devait être folle d'inquiètude !

Patte Enflammée sentit une boule de rage monter en lui. Elle le prenait pour un apprenti inconscient, et voyait bien dans ses yeux qu'elle le croyait aussi fugueur. Mais il cacha ses émotions en répliquant d'un ton froid et dur, complètement à l'opposé du ton chaleureux et gentil auquel il s'était adressé à elle quelques minutes auparavant :

- Je n'ai pas peur, et sais me battre. Mon entraînement et, euh... presque terminé.
Il mentait avec beaucoup plus d'assurance, maintenant. La colère était toujours en elle, bien que maintenue dans les profondeurs de son corps.
Il se rendit compte qu'il était toujours en train de planer, mais depuis un certain, et un rien de fatigue commençait à pointer dans ses plumes. Il jeta un regard de braise en dessous de lui, mais il n'y avait que de la poudreuse. Ou et comment se poser ? Il jeta un regard mi-hésitant, mi-terrifié, mi-de rage vers la kitsune devant lui, tout en essayant de se maintenir en l'air, mais c'était de plus en plus compliqué ; il avait l'impression que chacun de ses muscles se raidissait à chaque seconde.

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